C’est à Occupons Montréal que j’ai eu l’idée de Tricot pour la paix.
J’ai fréquenté le camp dès sa deuxième journée, le 16 octobre 2011, et j’ai immédiatement été conquise par l’énergie et la volonté de changements. Ne pouvant dormir sur place, j’ai aidé les militants comme j’ai pu. D’abord, avec la circulation de l’information sur les réseaux sociaux en créant la page Aidons Occupons Montréal à Passer l’Hiver sur Facebook. J’ai assisté également à des AG, participé au comité des habitations hivernales et aidé à trouver des matériaux pour assurer la survie du camp.
À l’époque, j’apprenais à tricoter depuis moins d’un an. Comme j’en tirais des bénéfices immenses – le tricot m’aidant à gérer le stress dû à un travail exigeant – j’ai voulu en faire profiter les autres. À l’origine, il s’agissait de donner des ateliers aux activistes pour leur apprendre à faire des foulards, des tuques et des mitaines. D’une part, pour les préparer au temps froid qui approchait, mais surtout, ça leur permettraient de relaxer un peu car vivre à la Place du Peuple au quotidien, dans un état précaire, avec beaucoup d’incertitudes et des pressions constantes de la Ville et de la police, s’avérait très stressant. Beaucoup d’hommes ont manifesté leur intérêt et enthousiasme à l’idée d’apprendre à tricoter. Il ne m’en fallait pas plus pour mettre en branle le projet! Pour se faire, j’ai approché Effiloché, une boutique de laine sur la rue St-Hubert à Montréal, ainsi que des tricoteuses militantes, dont Capitaine Crochet qui sera par la suite très impliquée dans la grève étudiante avec la formation du collectif Maille À Part. C’est aussi au même moment que j’ai été adopté par Les Ville-Laines pour ainsi amorcer avec elles une année haute en couleur, remplie de douces collaborations. Je reparlerai de ces deux collectifs dans d’autres blogs sous peu.
Les ateliers Tricot pour la paix n’ont jamais eu lieu à Occupons Montréal. La police a démantelé le camp bien avant qu’on puisse débuter l’initiative mais l’idée de donner des ateliers de tricot, avec un objectif à la fois social et thérapeutique, a perduré. Durant les mois qui suivirent, j’ai donné des initiations dans des cafés de la Petite-Patrie pour des activistes mais également pour des personnes souffrant de troubles d’anxiété et des mères monoparentales. J’ai aussi organisé des »Tricothons » pour la cause des sans-abris en collaboration avec l’organisme humanitaire Médecins aux pieds nus, dont un avec les sœurs du Relais Sagesse.
Le mois prochain, cela fera un an qu’Occupons Montréal a quitté la Place du Peuple. Où en sommes-nous? Quel chemin avons-nous parcouru? Qu’en est-il devenu de la flamme révolutionnaire qui nous a animés brièvement mais avec autant de passion? Et qui nous a permis de rêver à un monde meilleur. On pourrait parler de l’apport du mouvement au printemps érable, par exemple. Les militants d’Occupons ont par ailleurs collaboré avec les artistes, le 22 avril, dans le cadre du grand Rassemblement pour le bien commun, soit le Jour de la terre, qui a rassemblé plus de 300,000 personnes dans les rues de Montréal. Dans mon quartier, la Petite-Patrie, Occupons le Cœur de l’Île a été très actif dans la communauté. Ils ont récemment organisé, entre autre, le débat politique entre les six candidats de la circonscription de Gouin durant les élections provinciales de 2012, le comté dans lequel Françoise David de Québec Solidaire a battu le député-vedette du Parti Québécois, Nicolas Girard. Il y a aussi, bien entendu, tous les autres mouvements Occupons, dont celui du Sud-Ouest, qui continuent des actions citoyennes dans leurs arrondissements respectifs.
Pour ce qui est de Tricot pour la paix, je compte organiser un évènement sur une base mensuelle dans la Petite-Patrie, durant la période automne-hiver qui s’amorcent, afin de favoriser les rencontres et les échanges sur le thème de la paix. Je vous en redonne des nouvelles.
En attendant, bon tricot-activisme!
1er Tricot pour la paix au café Oh la la lors d’Occupons Nos Quartiers en décembre 2011.