Le tricot militant est rassembleur. La laine unie. C’est bien connu. Sa plus grande force, sa caractéristique principale, c’est son pouvoir de rallier les gens pour une cause tout en utilisant le médium de la douceur comme message.
Le 9 août dernier à l’occasion du 69e anniversaire du bombardement de Nagasaki, des milliers de personnes ont rejoint le groupe Wool Against Weapons et d’autres organisations anti-armements dans le Berkshire en Angleterre afin de dérouler un foulard de la paix. Le tricot rose qui a pris plus de 18 mois à confectionner et impliqué un nombre considérable d’artisans et des militants de la paix de partout dans le monde s’est étendu sur plus de 12 kilomètres. Cette action de grande envergure, créative et inspirante avait comme objectif de mettre en lumière la folie du nucléaire en reliant l’écharpe de la paix entre Aldermaston et Burghfield, deux installations qui conçoivent et produisent des ogives pour le système d’armes nucléaires de la Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique dépense présentement £100 milliards sur la construction d’un nouveau système d’armes nucléaires pour remplacer le missile Trident. Une somme considérable qui pourrait servir à d’autres fins dont l’éducation. En tant que symbole, le foulard rose représente un désir de changement profond, soit la confection d’un monde de paix et d’amour, sans arme et sans frontière. La couleur qui connote le féminin, la douceur et l’enfance détonne avec l’univers macho du militarisme.
La manifestation aura aussi servit à honorer les personnes tuées par les technologies nucléaires inhumaines qui ont fait tant de ravages au Japon lors de la 2e guerre mondiale et dont la prolifération depuis continue à jeter une ombre sur l’avenir de l’humanité et sa qualité de vie. Pendant les mois qui ont précédé l’action, les gens ont tricoté en public afin de susciter des discussions sur cet enjeu de taille. Le tricot permettant d’aborder des sujets complexes et difficiles tout en ayant du plaisir à se rassembler et à échanger a permis à la population de s’unir. Après le rassemblement, l’écharpe a été transformé en couvertures et distribué aux sans-abri, à des soins palliatifs, dans des camps de réfugiés et zones de conflits à l’étranger. Opposer la force de création, d’unicité et d’entraide propre au tricot à la force destructive du nucléaire est à la fois audacieux et apte. Le militantisme laineux, comme cet exemple le démontre bien, est une démonstration de l’énergie positive, constructive et collective qui nous rappelle qu’un monde de paix n’est pas impossible mais en train de s’actualiser.
Tout simplement superbe! Un jour il faudra travailler ensemble!