Parmi les choses dont la sagesse se munit en vue de la félicité de la vie tout entière, de beaucoup la plus importante est la possession de l’amitié. ~Épicure
Samedi dernier, j’ai passé une très belle journée au Marathon d’écriture d’Amnistie internationale, et cela malgré la fatigue accumulée des derniers mois, grâce à la présence d’un réseau élargi de tricoteuses militantes et de mes vilaines amies Karine, Anne et Marilène (Mimi étant retenue au Smart Design Mart). Certaines se sont afférées à tricoter une cagoule pour les Pussy Riot en guise de soutien à ces prisonnières politiques. Tandis que d’autres, dont des bénévoles d’AI, ont fait des bouts tricotés pour le « foulard de l’amitié » qui allait ensuite être installé devant la Maison du développement durable. Une fois assemblé, le tricot-graffiti faisait plus de 6 pieds de haut par 10 pouces de large! Vers six heures, à la nuit tombée, j’ai bravé le froid avec Tricot Pirate pour installer le tag qui, espérons-le, servira à réchauffer l’arbre et nos cœurs, cet hiver.
Confectionné à partir d’efforts collectifs, cet « arbre de l’amitié » comme on l’a surnommé, représente bien ce qu’Hannah Arendt, la philosophe allemande, estime être ce « penchant à voir l’amitié comme un sentiment intime et exclusif [qui] reflète l’aliénation du monde moderne; l’amitié serait en fait synonyme de la philanthropia grecque, soit l’inclinaison au vivre-ensemble. » –Wikipédia
L’amitié et la solidarité sont des valeurs très présentes au sein de la communauté des tricoteuses et des tricot-pirates, ces âmes rebelles et libres qui désirent instaurer un monde utopique, où la chaleur humaine et la douceur prévaudraient, en recouvrant la ville de laine.
Personnellement, l’amitié est très importante au sein de ma pratique artistique et militante. Celle, par exemple, développée au cours de la dernière année, avec les membres du collectif Les Ville-Laines dont je fais partie, m’est très chère et n’a pas de prix. Encore une fois, Arendt parle de l’amitié comme voie vers l’universel en ces termes : « Avec le dialogue se manifeste l’importance politique de l’amitié, et de son humanité propre. Le dialogue (…), si imprégné qu’il puisse être du plaisir pris à la présence de l’ami, se soucie du monde commun, qui reste inhumain en un sens très littéral, tant que des hommes n’en débattent pas constamment. Car le monde n’est pas humain pour avoir été fait par des hommes, et il ne devient pas humain parce que la voix humaine y résonne, mais seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue. » — Hannah Arendt, Vies politiques
L’œuvre collective « L’arbre de l’amitié » sur la rue Sainte-Catherine, suite au Marathon d’écriture d’Amnistie internationale, le 8 décembre 2012. Vidéo réalisée par EQCQ.