Je rêve d’un peuple qui commencerait par brûler les clôtures et laisser croître les forêts ! ~Henry David Thoreau

Pourquoi érige-ton des murs physiques ou imaginaires entre les êtres humains, entre les pays? À un moment où certains discours politiques se durcissent au sud de la frontière, la métaphore du mur prend de plus en plus de place dans la psyché collective, d’une teneur alarmante. Un mégalomane peut faire croire à une population asservie qu’elle n’aura plus à craindre l’Autre. Des murs tombent, d’autres s’érigent ou se rêvent. Le mur de Berlin, de Palestine ou du Mexique… autant de barrières ontologiques qui font davantage pour refermer une société sur elle-même, éprise de peur et de préjugés, mal aiguillée sur les vrais enjeux et sur la nature de la réalité. Plus de dommages sont fait en voulant protéger – de manière bien intentionnée ou non – contre un prétendu danger. Lorsque construction devient projection.

Conjonctures et dérives.

C’est à cet instant que la déclaration de NUTOPIA, pays imaginaire de John Lennon et Yoko Ono, créé en 1973, devient plus réel que jamais : « Nous annonçons la naissance d’un pays conceptuel, NUTOPIA. La citoyenneté du pays peut être obtenue par la déclaration de votre connaissance de NUTOPIA. NUTOPIA n’a pas de territoire, pas de frontières, pas de passeport, uniquement des habitants. NUTOPIA n’a pas d’autres lois que les lois cosmiques. Tous les citoyens de NUTOPIA sont les ambassadeurs du pays… »

J’ai profité de mon passage en Californie pour photographier l’art urbain à Venice Beach, que l’on surnomme la « Venise d’Amérique » à cause de ses nombreux canaux. Un endroit que j’adore visiter, où il fait bon errer sans but, ancré dans le moment présent. L’expression artistique vibrante est très présente dans ce quartier reconnu pour sa tolérance. L’ouverture d’esprit propre à l’État doré en font un lieu unique, voire mythique, propice à la découverte et l’éclosion de nouveaux styles de vie, de pensées et de courants esthétiques. Clôtures et murs sont réappropriés et investis de laine, papier et peinture. L’art sera toujours un agent de progrès, signe d’avancement, garant du désir d’abolir les clivages. Communiquer ce qui nous unit même si ce n’est pas toujours facile à entendre ou de se raconter. L’eau suggère à la fois l’imaginaire humain et l’abolissement des frontières. C’est l’élément qui fuit, se défile, que l’on tente de contenir. On pourra construire des murs, des canaux, ériger des barrières, des cloisons, mais on ne pourra jamais arrêter la connexion intrinsèque de l’esprit, du vivant.

Comme l’a dit si bien Yun Son-Do,  « l’eau seule est éternelle. »

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